Musicien

Musicien

Aujourd’hui lorsqu’on est l’auteur d’une œuvre de musique, graphique, écrite (ou autre), et qu’on l’estime suffisamment bonne pour qu’elle vaille quelque chose il est logique et normal de chercher à protéger ses droits dessus. Pas forcement pour gagner de l’argent non (ce n’est pas le seul but de tout homme), mais au moins dans l’idée d’une certaine reconnaissance et pour éviter que des personnes mal intentionnées ne se les attribuent.

En France, le droit dit que l’œuvre appartient à celui qui l’a créé. Comme il est impossible d’entrer dans le cerveau pour en sortir l’idée de l’œuvre, il faut prouver deux choses:

  • La paternité, le fait que l’on est l’auteur de l’œuvre,
  • L’antériorité, le fait que l’on soit le premier à en avoir eu l’idée.

Dans le cas de la musique, le premier réflexe lorsqu’on est jeune (ou vieux..) compositeur, lorsqu’on monte un petit groupe en potes dans son garage pour jouer lors des Fêtes de la Musique, etc… est de s’empresser d’aller déposer les droits de ses créations à la Sacem, pour empêcher les autres de reprendre ses musiques à leur compte et de réussir à émerger dans le difficile milieu de la musique aux dépends des premiers. Dans l’idée, la réaction est bonne, preuve en est les différentes critique sur le dernier album (Viva la Vida) de Coldplay, accusés d’avoir piqué plusieurs des chansons par d’autres groupes et chanteurs. (Source)

Malgré tout, courir déposer ses droits à la Sacem, sans y réfléchir plus avant, est je pense, une énorme erreur. C’est d’après moi la dernière chose à faire, et ceci pour plusieurs très bonnes raisons.

1ère raison

La première raison est budgétaire. Déposer ses droits à la Sacem est la façon la moins économique de le faire. Il faut vraiment avoir de l’argent à jeter par les fenêtres pour cela. La plus simple et la plus économique manière d’assurer ses droits sur une œuvre, c’est à dire de faire ce qu’il faut pour pouvoir prouver les deux aspects expliqués du droit expliqués ci dessus est, non pas de les « céder » à la Sacem (c’est malheureux d’ailleurs, je reviendrai dessus…) mais tout bêtement de s’envoyer une lettre à soi même, aussi con que cela paraisse.

En effet une simple lettre recommandée (cachetée, dont la date du recommandé authentifie la date, prouvant l’antériorité donc) envoyé par soi ( prouvant la paternité) à soi même, et contenant un CD de la musique, une photo ou une copie de l’œuvre suffit pour s’en assurer les droits. En cas de litige, l’ouverture de la lettre par un juge (ou autre personne assermentée, comme une huissier) suffira à régler toute question.

2ème raison

La deuxième raison est fondamentale. La Sacem n’a pas pour rôle de protéger les droits des artistes, mais de rémunérer les artistes, donc tant qu’on ne touche pas d’argent avec ses oeuvres, l’interet de le déposer à la Sacem est nul !

De plus, le fait de déposer ne serait ce qu’un seule œuvre à la Sacem dépossède les auteurs de leur libertés sur la totalité des œuvres qu’il ont composées, qu’ils composent ou composeront.

En effet, par adhésion à la Sacem, le sociétaire accorde à la Sacem le monopole de la gestion de ses droits sur l’ensemble de ses œuvres, passées, présentes, et futures. (Source)

Une fois entré il est trop tard et il devient impossible de diffuser ses œuvres autrement qu’à travers la Sacem alors qu’il existe d’autres alternatives valables.

De plus, la Sacem refuse aux auteurs la possibilité de diffuser leurs propres œuvres sur Internet, ou d’autoriser les internautes à diffuser librement tel ou tel morceau. Sauf autorisation spéciale, les musiciens qui veulent diffuser leur propre musique sur leur propre site doivent même payer des droits à la Sacem.

Donc en déposant une musique à la Sacem, il t’est interdit de diffuser ta musique sur (par exemple) ton MySpace, et ceci même si ce ne sont pas les mêmes musiques.

Je sais pas toi, mais moi je trouve ça effrayant.

De plus c’est un véritable parcours du combattant pour sortir de la Sacem…

3éme raison

Si cela ne t’as pas suffit pour fuir la Sacem, parlons donc des alternatives, car alternatives il y a !
En effet si on souhaite diffuser sa musique, faire sa promotion il faut définir la façon dont on autorise la diffusion de ses œuvres. Le plus simple est donc de passer un « contrat » avec le reste du monde : une licence.

Il existe d’autres sociétés concurrentes de la Sacem, citons par exemple la CSDEM pour la musique, mais il existe surtout des licences dites « libres », ou copyleft en opposition au copyright (Art Libre en France, Creative Commons dans le monde), qui sont idéales pour diffuser et faire diffuser ses œuvres tout en s’en assurant les droits (la paternité).

Je conseille plus que très fortement ces licences (sur lesquelles je ferai un dossier un de ces quatre) pour diffuser ses œuvres sur Internet et se faire connaître car l’autorisation qu’elles donnent de copier et diffuser les œuvres tout en en assurant la paternité à l’auteur sont idéales.

Licence Art libre

Licence Art libre

Creative Commons

Creative Commons

Voilà, brièvement pour les alternatives. J’espère que certains tomberont ici par hasard ou diffuseront le message pour que de nouveaux artistes ne se fassent pas avoir par ignorance, et réfléchissent aux alternatives qui peuvent être bien plus intéressantes.

Crédit photo: David Reverchon (Creative Commons by-nc-sa)